Optigestion - Edito - Septembre 2023 Jacques_DE_PANISSE_fond_opti_x600

Mer calme … en apparence

Par Jacques DE PANISSE

Gérant Associé

 

L’amerrissage en douceur, piloté avec doigté par les banques centrales, s’est confirmé en période estivale.
Le ralentissement qui se met en place devrait permettre de manier avec modération l’arme des taux d’intérêt. La Chine qui aurait pu réveiller la croissance mondiale par son dynamisme coutumier peine à redémarrer et déploie pour l’instant tous ses efforts pour éviter l’explosion d’un marché immobilier profondément déséquilibré.

S’il est probable que la FED et la BCE ne surprendront pas les marchés lors de leur prochain comité, les situations aux Etats-Unis et en Europe présentent néanmoins quelques différences notoires.

L’économie américaine démontre une fois encore sa vigueur intrinsèque et si certains marqueurs témoignent d’un ralentissement, celui-ci demeure contrôlé et part d’un niveau suffisamment élevé pour ne pas éveiller d’inquiétude. La remontée du taux du chômage à 3,8% associée à une légère contraction du salaire moyen devraient apaiser les craintes de la FED.

L’Europe présente un profil économique plus affaibli tandis que l’inflation se redresse, notamment sous l’impulsion d’une reprise du prix du baril qui se rapproche de 90$. Ce changement d’orientation devrait inciter la BCE à remonter ses taux directeurs, malgré l’essoufflement de l’économie, quitte à lâcher du lest dès que l’inflation plafonnera.
Les taux vont se maintenir à un niveau élevé pendant encore un certain temps, alors même que le crédit et l’investissement se raréfient, mais aussi qu’un nombre croissant de dettes parvenant à échéance nécessitera d’être renouvelé à des taux bien éloignés des niveaux initiaux. Le temps peut ainsi avoir un effet accélérateur néfaste malgré des taux apparemment constants, du seul fait du volant croissant des dettes à renouveler.

Ces complications risquent de survenir alors que la masse monétaire commence tout juste à se contracter en Europe, réduisant avec constance la liquidité des marchés financiers.
Or les marchés d’actions ont connu une performance étroitement liée au parcours impressionnant d’une trentaine de sociétés mondiales, dans la technologie et le luxe notamment. La performance des indices repose sur l’ascension de ces quelques valeurs qui ont concentré les plus fortes croissances justifiant les plus hauts multiples.

Les marchés, sans doute peu confiants sur les fondements macro-économiques, ont préféré acheter ces leaders mondiaux incontournables à n’importe quel prix. Le prix d’une action se formant à partir du volume marginal des titres qui font l’objet d’une transaction, ces capitalisations gigantesques peuvent en cas de courant vendeur impacter considérablement les indices.
Ainsi, au niveau macro-économique, malgré une certaine visibilité confortable liée à l’absence de difficultés prévisibles, les perspectives reposent sur des bonnes nouvelles déjà prises en compte tandis que des tendances pernicieuses pourraient discrètement perturber le ralentissement à priori modéré qui s’installe.
Au niveau de la formation des résultats des entreprises le même genre de défi se profile, la hausse des prix à l’origine d’une part conséquente des profits pourra-t-elle se poursuivre ou trouver dans une augmentation des volumes un relai, introuvable depuis deux ans.

Les semaines devant nous pourraient rencontrer un revirement prudent des intervenants dont les arbitrages - au détriment de secteurs fort bien valorisés et en faveur de secteurs défensifs aux capitalisations modestes - suffiraient à déclencher une normalisation des marchés.

Cependant, il est probable que la phase de ralentissement plus ou moins marquée qui se met en place conduira les marchés à privilégier - tôt ou tard - les sociétés qui parviendront à maintenir une croissance de leurs résultats. La rareté justifiera des valorisations élevées et les sociétés de croissance retrouveront leur statut de favori.

 

Rédigé le 4 septembre 2023