Optigestion - Edito - Septembre 2020 Jacques_DE_PANIS_PASIS

Quel avenir pour les actions ?

Par Jacques DE PANISSE

Président du Directoire, Gérant et Associé

Nous nous sommes quittés fin juin. L’été a été relativement calme, nous avons été dispensés de la traditionnelle secousse du mois d’août. En ce début de septembre un bilan intermédiaire s’impose. Sur deux mois, les indices présentent des parcours contrastés. Exprimés en devise locale, le Nasdaq 100 progresse de 17%, le CSI 300 chinois de 16%, le Standard & Poor’s de 13% et le Stoxx Europe 600 de 2%. Cependant, ces performances doivent être tempérées par les variations de change dont le dollar a été la principale victime. En euros, le classement est un peu différent, la Chine arrive en tête avec 12%, les Etats-Unis se contentent de 10% et 6%, l’Europe demeure bien en retrait avec 2%.
Recherchons les raisons qui expliquent de tels écarts. Si l’Europe se contente d’un profil de reprise des chiffres d’affaires et des résultats, projetés à un an, qui demeure quasi plat depuis mi-avril, les entreprises américaines et chinoises affichent un redressement prononcé.

Malgré des plans d’aide nationaux et européen, d’une ampleur exceptionnelle, malgré le soutien indéfectible de la BCE pour maintenir des taux très bas et refinancer les Etats, les banques et les entreprises, il semblerait que l’Europe ait été très marquée par les effets du confinement et s’avère moins agile dans l’art de se relever. Alors que la rentrée de septembre se met en place, l’Europe doit faire face à un Euro fort, des touristes inexistants et une inquiétude manifeste de ses citoyens qui ne contribuent guère à la reprise, préférant accroître leur épargne de précaution du fait de l’incertitude sanitaire qui s’installe et des faillites qui s’annoncent.
La Chine semble la mieux placée pour retrouver une dynamique capable d’effacer l’effondrement du premier trimestre. Le PIB chinois pourrait, selon le FMI, croître de 1,6% en 2020. Malgré le ralentissement mondial de la consommation et les tensions avec les Etats-Unis, la Chine pourrait améliorer significativement sa position relative mondiale en 2020. Rappelons que la capitalisation boursière des sociétés cotées chinoises, sur la base du flottant, a largement dépassé son équivalent européen, mais ne représente encore que 43% de la capitalisation américaine.
La domination technologique américaine confirme sa toute-puissance. La plupart des multinationales technologiques ont connu une appréciation retentissante de leur cours de bourse. Portées par des résultats de bonne facture, heureuses bénéficiaires de la pandémie, ces sociétés bénéficient d’un engouement qui explique des valorisations très élevées. Les cours actuels leur fournissent la capacité de s’offrir au prix fort toute entreprise susceptible de les concurrencer à terme.
Seule la volonté anti-trust, typiquement américaine, peut dorénavant empêcher une suprématie sans égal des GAFAM et leur imposer un démantèlement générateur de nouveaux élans, dans un second temps.
Cependant, si on retire du S&P 500 les cinq capitalisations les plus élevées (les GAFAM), qui représentent 27% de l’indice, on s’aperçoit que la performance du S&P 500 américain depuis le début de l’année est presque similaire à celle de l’indice Stoxx 600 européen.
L’abondance des liquidités demeure la clé de la dynamique actuelle. Les banques centrales, à l’exemple de la FED, sont désireuses de tout mettre en œuvre pour faciliter une reprise des économies et éviter une explosion du chômage. Le poids de la dette et ses conséquences futures sont considérés comme secondaires face au risque d’une croissance moribonde.
Malgré les perspectives d’un vaccin, la situation sanitaire demeure pesante et relativement imprévisible. Dans de nombreux pays, dont la France, une atmosphère lourde laisse pressentir une probable dégradation du climat social, mis à l’épreuve par l’inévitable hausse du chômage qui se profile.
Pléthore de liquidités et taux durablement très bas fournissent un environnement particulièrement porteur pour les actions. L’apparition prochaine des plans sociaux et la valorisation excessive des GAFAM incitent à une relative prudence sur septembre. Néanmoins, ces incertitudes demeurent temporaires et les conditions fondamentales sont réunies pour soutenir les actions.

 

Le 2 septembre 2020

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