Trump 2.0 : quelles stratégies d’investissement ?
Par Nicolas de ZALUSKI
Secrétaire Général
Le mois de novembre s’ouvre avec des changements majeurs à prévoir après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. Ce come back va, selon nous, modifier les perspectives de croissance mondiale, challenger la politique monétaire menée par la FED et engendrer une forte volatilité sur les marchés financiers. Les investisseurs doivent prendre en compte ces évolutions et procéder, notamment, à des ajustements stratégiques de leur allocation d’actifs.
D’un côté, les marchés actions ont salué les perspectives de relance associées au programme économique de Donald Trump avec notamment la baisse de l’imposition des entreprises et les mesures de libéralisation. Mais de l’autre côté, son programme protectionniste fait peser des risques de reprise de l’’inflation. De plus, de nouvelles dépenses publiques programmées dans les secteurs de la défense et des infrastructures devraient alimenter les tensions inflationnistes, ce qui pourrait limiter la marge de manœuvre de la FED en 2025. Cette perspective a en partie été actée par les marchés obligataires avec une remontée des taux depuis la réélection de Donald Trump. Les marchés obligataires américains affichent des rendements en hausse avec un taux à 10 ans à 4,4%.
En Europe, la situation est moins favorable : la croissance reste faible malgré une légère reprise au troisième trimestre. La BCE semble rencontrer des difficultés à stimuler durablement une croissance désespérément stagnante.
La BCE ayant néanmoins réussi à stabiliser l’inflation autour des 2%, elle retrouve des marges de manœuvre et devrait poursuivre son assouplissement en 2025 pour compenser le ralentissement de la demande et la remontée du chômage. Cependant, l’ajustement entre les perspectives économiques des deux côtés de l’Atlantique se concrétise par un affaiblissement de l’euro face au dollar, une situation qui de fait complique les choix de politique monétaire de la BCE ; un euro faible ayant pour conséquence de renchérir les prix des biens importés.
Ainsi, les marchés expriment la prudence des investisseurs face à l’exposition de l’Europe confrontée aux hausses tarifaires envisagées dans le programme de Donald Trump. Celles-ci pourraient impacter négativement les secteurs de la consommation, de l'automobile et des biens d’équipement. Cette prudence perdurera surtout si les mesures protectionnistes aux Etats-Unis se confirment et sont mis en œuvre.
La victoire de Donald Trump va accélérer la contraction du commerce mondial et affecter particulièrement les économies des pays émergents qui dépendent fréquemment des exportations vers les Etats-Unis. Ainsi, les perspectives en Chine restent mitigées et cela malgré le récent plan de relance, certes ambitieux, mais qui pour l’instant semble n’avoir apporté qu’une stabilisation temporaire. Globalement, les perspectives de hausse du dollar devraient peser sur l’ensemble des devises émergentes en affectant les flux de capitaux vers ces économies.
Choisir les bonnes matières premières qui profiteront de ce contexte volatil permettra également de diversifier les allocations d’actifs. Compte tenu de la faiblesse de la demande, des perspectives d’augmentation de la production américaine suite à l’élection de Donald Trump et du faible impact sur les prix des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, les perspectives de hausse du pétrole semblent limitées. En revanche, l’or devrait profiter de l’incertitude économique et géopolitique. Le métal jaune demeure une protection précieuse dans les allocations d’actifs qui peuvent s’y exposer.
Nous nous rapprochons de 2025 avec une allocation d’actifs qui privilégie les valeurs américaines, seul moyen de continuer à bénéficier d’une dynamique de croissance. Les actifs défensifs auront aussi leur place. En revanche, les actifs exposés à la remontée des taux et aux pays émergents sont à éviter.
Rédigé le 13 novembre 2024