Optigestion - Edito - Mars 2020 JDPP_02-07-18_2_Recadre_4bb8b

Le Dragon noir s'est échappé...

Par Jacques de Panisse Passis

Président du Directoire, Gérant et Associé

Le dragon noir a franchi les frontières et s’est emparé des marchés. Tenter d’appréhender le Covid -19 et ses conséquences conduit à sérier trois niveaux d’analyse. Le risque sanitaire, l’impact économique, le comportement des marchés financiers.

Depuis une semaine il est clair que nous sommes en présence d’une pandémie en formation. Les mesures de confinement imposées en Chine ont permis de réduire la prolifération du virus. En contrepartie il est difficile, à partir de l’expérience chinoise, d’appréhender la rapidité de propagation du coronavirus dans un contexte de libre circulation des personnes, tel qu’il existe en Europe. La peur des populations urbaines résulte de la focalisation des esprits sur l’irrésistible diffusion exponentielle du virus. Curieusement, ni les media, ni les dirigeants n’insistent sur les traitements existants.

Les conséquences économiques du Covid-19 affectent l’offre, du fait de l’absence des salariés sur leur lieu de travail, et la demande, du fait d’une réduction de la consommation. Les entreprises subissent des perturbations qui affectent la production et la logistique, en plus de la raréfaction des clients. Il en résulte une contraction du chiffre d’affaires et de la rentabilité.

En présence de sociétés endettées avec une trésorerie fragile, ces désordres peuvent occasionner des complications brutales. La dégradation de la situation financière de l’entreprise conduit au non-respect des covenants. Dès lors les banques peuvent remettre en cause le prêt. L’entreprise, dépourvue du soutien financier requis, se trouve alors contrainte d’opter pour la cessation de paiement.

Ces circonstances sont extrêmes, néanmoins il faut admettre que l’endettement des sociétés s’est considérablement accru depuis 10 ans, tant en Chine qu’en Occident. De plus les banques, du fait de perspectives peu engageantes et de taux longs particulièrement bas, se trouvent face à une équation difficile qui n’encourage pas à la prise de risque.

Voila qui nous amène aux moyens que les banques centrales seraient susceptibles de déployer pour contrecarrer cette dynamique récessive. La FED pourrait envisager de baisser ses taux directeurs. Wall Street le souhaite ardemment. Les autres banques centrales n’ont plus guère de marge de manœuvre du fait de taux déjà très bas ou négatifs. Mais dans tous les cas, les outils monétaires ne semblent guère adaptés au contexte en présence.

En revanche, toutes les banques centrales devraient annoncer qu’elles étudient la possibilité d’interventions appropriées sur les marchés d’actions. Cette seule hypothèse suffirait à décourager l’usage intempestif de stratégies de ventes à découvert qui nourrissent la dégringolade des marchés susceptible de déclencher un possible emballement baissier.

Les complications qui vont se présenter devraient frapper principalement les PME, lesquelles auront besoin d’accompagnements spécifiques liés à leur trésorerie vulnérable.

Face aux nombreux écueils qui se profilent, il existe deux points positifs. D’une part, la baisse du cours des matières premières, et notamment du pétrole, devrait apporter un soutien puissant aux économies européennes et asiatiques. D’autre part, il est possible que les marchés financiers interprètent les résultats calamiteux du 1er trimestre comme de l’exceptionnel, à garder entre parenthèses, et non comme le 1er quart d’une année, condamnée à décevoir. L’attention serait dès lors reportée sur la dynamique de reprise du 2ème trimestre et les plans de relance budgétaire susceptibles de rétablir un climat de confiance.

L’ajustement que les marchés boursiers viennent d’enregistrer sur 6 séances est violent. Il n’en demeure pas moins relativement justifié étant donné la progression des indices observée depuis 14 mois. L’essentiel est à venir et dépendra en grande partie de la psychologie des dirigeants et des intervenants. Le retour de la volatilité est inévitable. Nous sommes modérément confiants dans la capacité des vieilles démocraties soumises à gérer ce type de situation et adoptons un profil défensif.

Le 3 mars 2020

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