Optigestion - Edito - Juin 2024 Nicolas_DE_ZALUSKI_fond_opti_x600

Gardons le cap !

Par Nicolas de ZALUSKI

Secrétaire Général

 

En mai, l'indice S&P 500 a progressé malgré les inquiétudes concernant le ralentissement de la croissance économique, l'affaiblissement de la confiance des consommateurs américains, et la possibilité d'une stagflation à venir. Depuis le début de l’année, le S&P 500 est en hausse de plus de 10%, les investisseurs ayant ignoré des données économiques mitigées et anticipant désormais une baisse de l'inflation et des taux d'intérêt au second semestre 2024.

Ainsi, si l’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,4 % sur un an en avril, en baisse par rapport au pic d’inflation de 9,1 % atteint en 2022, il est toujours bien au-dessus de l’objectif à long terme de la FED fixé à 2 %. En ne considérant que ces statistiques on pourrait s’attendre à ce que la FED maintienne sa politique de taux élevés pendant une période prolongée, retardant ainsi le point d’inflexion tant attendu par les marchés.

Néanmoins, l'estimation récemment révisée de la croissance du PIB américain du 1er trimestre, à seulement 1,3 %, suggère que les mesures restrictives de la FED ont déjà un impact négatif sur l'économie ; les taux d’intérêt élevés pesant sur les dépenses de consommation et sur les investissements. Les prochains mois pourraient déterminer si la FED peut assurer un atterrissage en douceur de l’économie américaine sans la faire basculer dans une récession.

Confrontée à la lutte contre l’inflation et le soutien de la croissance américaine, la FED se trouve donc aujourd’hui à la croisée des chemins. Ses décisions entraîneront des conséquences majeures sur l'économie et les marchés financiers dans leur ensemble. Il est donc crucial pour la FED de trouver l’équilibre délicat entre la maîtrise de l'inflation et le soutien à la croissance économique, tout en évitant une récession.

 

De leur côté, les investisseurs en actions ne devraient pas trop se focaliser, à court terme, sur les perspectives de taux d’intérêt au risque de perdre de vue ce qui compte vraiment pour eux : la croissance.
En effet, en fin de compte, ce sont toujours les perspectives de croissance des chiffres d’affaires et des résultats qui sont les plus importantes à moyen et long terme et qui font la tendance de fond des marchés des actions.
Si les taux d’intérêt élevés augmentent les coûts d’emprunt pour les consommateurs et les entreprises, ils ont surtout pour conséquence de peser sur la croissance économique et la rentabilité des entreprises.
Heureusement, les sociétés du S&P 500 ont annoncé une croissance de leurs bénéfices au premier trimestre meilleure que prévue, de 6 % sur un an, illustrant leur résilience dans un environnement inflationniste difficile. Pour le second semestre, les analystes prévoient une augmentation des bénéfices du S&P 500 de 9,3 % par rapport à l’année dernière. Pour l’ensemble de l’année 2024, la croissance des bénéfices du S&P 500 est estimée à +11,4 %, avec une croissance du chiffre d'affaires de 5 %.
En y ajoutant des perspectives d’amélioration des marges, notamment grâce à l’impact concret que pourrait avoir l’utilisation de l’intelligence artificielle, les marchés semblent convaincus que les sociétés de grandes capitalisations pourraient connaître de nombreuses années d’amélioration de leurs bénéfices. L'intelligence artificielle offre des opportunités pour accroître l'efficacité opérationnelle et développer de nouveaux produits et services, renforçant ainsi la compétitivité des entreprises.
Historiquement, les actions dites « value » avaient surperformé les actions dites de « croissance » lorsque les taux d’intérêt étaient élevés. Cette tendance s’est déjà inversée en 2023 et se confirme en 2024. Les actions de croissance, souvent représentées par les grandes entreprises technologiques, ont donc bénéficié d'une résilience accrue et d'un potentiel de croissance soutenu, même dans un contexte de taux d'intérêt élevés.

En conclusion, malgré les incertitudes sur l’évolution des taux d'intérêt et les défis économiques, nous restons optimistes quant aux perspectives de croissance à long terme des entreprises et notamment sur les entreprises américaines portées par la croissance et l’innovation.

 

Rédigé le 7 juin 2024