Des leaders toujours plus forts
Par Jacques DE PANISSE
Gérant Associé
Vendredi dernier, une série de statistiques américaines est venue perturber les attentes des marchés. Les Etats-Unis ont créé 353 000 emplois en janvier 2024 et révisé fortement à la hausse leur nombre publié en décembre 2023. A y regarder de plus près, les secteurs public et privé enregistrent une dynamique positive.
Simultanément, les salaires progressent de 0,6% sur le mois et de 4,5% en glissement annuel. Enfin, le taux de chômage demeure au plus bas, à 3,7%. Ces chiffres, associés au redressement des indices des directeurs d’achat et à la forte progression de la confiance des consommateurs, révèlent un contexte économique très porteur qui semble n’avoir nul besoin d’un éventuel stimulus procuré par une baisse du coût du crédit.
Quelques jours auparavant, Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine (la FED), annonçait que la publication des prochaines données économiques permettrait d’ajuster le calendrier de la future baisse des taux directeurs, suggérant une première intervention plutôt en juin. Pourtant, les marchés financiers tablaient sur un premier geste à la baisse de la FED dès mars. En effet, les investisseurs veulent croire que la très forte hausse des taux, enclenchée depuis fin 2021 pour contrer l’inflation, finira par entraîner un ralentissement marqué de l’activité, conformément aux prévisions de Jerome Powell et aux constats fournis par les périodes passées ayant subi pareil traitement.
Mais cette fois-ci, il semblerait que l’économie réagisse différemment et, à l’exception de quelques domaines comme l’immobilier commercial, ne se laisse pas abattre. Face à la robustesse actuelle de l’activité, on pourrait presque se demander si la hausse des taux a eu un véritable impact sur l’inflation. La mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires opposées explique en partie la difficulté de prévoir la nature de la tendance résiduelle qui verra le jour et son calendrier. Nul doute que la prévision macro-économique est un art aléatoire !
Si le cœur du message de Jerome Powell, mercredi, était sans doute de confirmer que les taux ne monteraient plus, on peut néanmoins s’interroger sur le comportement – à priori contradictoire - des marchés qui ont fait baisser les taux alors que la FED repoussait la date de sa première intervention.
De même, vendredi, alors que la santé insolente de l’économie américaine stimulait les taux à la hausse, les trois principaux indices d’actions américaines ont choisi – contre toute attente - de monter.
La complexité de la sphère macro-économique a peut-être démobilisé nombre d’investisseurs qui préfèrent désormais s’attacher aux seuls résultats des entreprises.
Les sociétés américaines vont bien. Quelques géants concentrent les plus spectaculaires progressions de chiffres d’affaires, de résultats et de cours ! La taille, loin de créer un effet de base qui freine la croissance, semble au contraire stimuler la puissance. Meta et Amazon, vendredi, Microsoft et Nvidia quelques jours avant, affichent des performances presque impensables.
« Le meilleur prend tout », prévient le dicton californien. Et ce principe semble se vérifier le plus souvent. La société leader affiche les meilleurs résultats, en termes de croissance et de marge. Son cours progresse. Sa capitalisation ne cesse de s’accroître, atteignant des montants qui garantissent une domination durable, surtout lorsque la compétition repose notamment sur la capacité à investir des dizaines de milliards dans des technologies prometteuses comme l’Intelligence Artificielle, en procédant avec des fonds propres ou en offrant un prix extravagant pour acquérir une jeune pousse prometteuse.
En ces temps chamboulés où les économies et les comportements sont souvent fantasques, Optigestion choisit de se concentrer sur la qualité intrinsèque des entreprises.
Rédigé le 6 février 2024